Aujourd’hui, je
me rends compte de choses qui ne me gênaient pas avant.
Soyons clair, j’ai
toujours trouvé que la vie pour les femmes n’était parfois pas rigolote,
surtout quand les premiers rayons du soleil arrivent, que tu sors ta jupette, et
que tu dois subir les sifflements et les remarques de types complètement rendus
fous par le long hiver.
C’est une
réalité. Et sans la nier, je ne pense pas avoir saisi jusqu’à récemment tout ce
que ça sous tendait.
En 2016, être une
femme c’est toujours pas évident.
Du coup, ça me
donne envie de revendiquer mon droit à être.
En 2016, en tant
que femme blanche nous sommes probablement considérées comme la deuxième espèce
la plus puissante du monde.
(La première étant
les hommes, bien sûr)
Nous, les femmes
nous vivons avec en tête une égalité que nous voulons, que nous prenons pour
acquise. Et probablement que la plupart de temps, elle l’est.
Nous sommes dans
cette situation insidieuse où il se passe des choses. On n’est pas sûre que ce
soit normal, mais pas sûre que ce ne soit pas bien non plus.
Donc on ne dit
rien.
En
tant que « reine du monde » la femme blanche n’a pas le droit de se
plaindre
Allez quoi, des beaux exemples de réussite il y en a assez pour
prouver qu’on peut être femme et pleine de succès !
Tu regardes
Angela Merkel, Hillary Clinton, Coco Chanel, Lady Gaga… Toutes ces filles c’est
toi meuf !
(Oui, et mon
voisin c’est Chris Martin)
La femme blanche,
en tant que version chromosome XX de la succes story de l’univers, n’a pas le
droit de prendre de position trop prononcée sur l’égalité des genres par peur d’être
taxée de féminazie.
La femme blanche
qui marche, qui roule, qui vend, est une créature de velours et d’hermine qui susurre
délicatement qu’elle adore Dior, qu’elle le vaut bien, elle chantonne sur sa
guitare que quelqu’un lui a dit que tu l’aimais encore…
La femme blanche
qui marche se fait bouffer toute crue. Elle est séduisante par son manque de
menace.
Sous l’ombre de
ces sentinelles de publicité, la femme blanche de base se sent bien sûr
totalement non à la hauteur.
Ben oui, des doutes et de la culpabilité et ton royaume
sera bien gardé.
(Je vous parle de
femme blanche depuis tout à l’heure, dans le sens où c’est ce que je suis. J’ignore
tout de la réalité d’être une femme noire)
Parfois j’ai l’impression
qu’en tant que (soi disant) première dame du règne humain,la femme blanche perd
de sa verve, de sa capacité à remettre en question les choses établies.
Nous manquons de
repères je pense. Les modèles d’empowerment qu’on nous propose sont assez
inexistants.
Je me suis
récemment rendue compte de l’impact social que pouvait avoir une Beyoncé, la
férocité qu’elle réveillait chez les jeunes filles noires (la folie liée à son
titre « Formation » sur les réseaux sociaux était un truc de dingue !)
m’a fait me demander, et nous ?
L'évangile de la femme par Sainte queen B |
Quelles sont nos
occasions d’être une putain de femme blanche ?
Quand est ce qu’on se sent
puissante, unique, intouchable, rugissante… Je pense que la réponse est
« quand
dans ton cheminement personnel tu te sens la force de te considérer comme
putain de fabuleuse ». Du coup, tu peux passer une vie sans t'en rendre compte. Une ou deux bonnes âmes qui te le rappelleraient de temps en tant seraient sympa.
La femme blanche n'a aucun droit de se plaindre car elle est assez privilégiée sur beaucoup de choses... Du coup, chacune vit sa petite histoire dans son coin, sans se douter qu'un mur plus loin, sa voisine connait les même doutes un poil existentiels.
Le mal du sexe?
Je l'ignore, mais on peut se poser la question...
Il est socialement
admis que la femme est le penchant doux de l’homme, la courbe à ses zig zags,
le chant à ses cris, la plage à sa montagne…
Et je ne
suis pas franchement ok avec tout ça. Et je suis encore moins d’accord avec l’image
à laquelle je devrais correspondre pour me rendre « digne d’amour et de
reconnaissance ».
(AKA ce petit pincement de remise en question sur ton sexe quand tu arrives au bout d'un meuble Ikéa)
Nous sommes
toutes différentes et toutes nous avons le droit de ne pas nous sentir prises
dans la pression sociale dès qu’on met le nez dehors. Je veux pour toutes le
droit de ne pas se définir pour plaire, mais de se plaire tout court.
Je veux pouvoir
me dire que je suis féministe, sans penser que je suis une rabat joie sans
humour qui a des poils sous les bras.
Je veux être une
femme blanche, je veux être une personne respectée sans demander, une personne
qui court dans le monde avec l’insouciance que tout le monde devrait pouvoir se
permettre.
Voilà, ce que je me souhaite, enfin ce que je nous souhaites!
A toutes!